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DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE [1694]

PREMIÈRE ÉDITION.

PUBLIÉE EN 1694.

A PARIS,
Chez la Veuve de JEAN BAPTISTE COIGNARD, Imprimeur ordinaire du Roy,
& de l'Académie Françoise
M. DC. LXXXXIV.
AVEC PRIVILEGE DE SA MAJESTÉ.

 

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bulletHistoire de la 1ère édition
bulletOrganisation de la 1ère édition -- "l'ordre des Racines"
bulletOrthographe
bulletBrève bibliographie
bulletHistoire technique

Histoire du texte

La 1ère édition du Dictionnaire de l'Académie Française a été éditée en 1694, environ soixante ans après la fondation de l'Académie par le cardinal Richelieu. Le dictionnaire fut dédié au roi Louis XIV, comme un monument à sa gloire et à la puissance de la langue française qui avait subit un développement majeur pendant son règne. L'Académie a ainsi réalisé les intentions de son fondateur initial et contribué à un moment fécond de l'histoire de la lexicographie.

Dès ses débuts, l'Académie a estimé qu'écrire un dictionnaire de français qui ferait autorité devait être l'une de ses premières tâches. Comme la préface de cette édition l'explique:

"Aprés que l'Académie Françoise eut esté establie par les Lettres Patentes du feu Roy, le Cardinal de Richelieu qui par les mesmes Lettres avoit esté nommé Protecteur & Chef de cette Compagnie, luy proposa de travailler premierement à un Dictionnaire de la Langue Françoise, & ensuite à une Grammaire, à une Rhetorique & à une Poëtique.

Elle a satisfait à la premiere de ces obligations par la composition du Dictionnaire qu'elle donne presentement au Public, en attendant qu'elle s'acquitte des autres."

Les Académiciens faisaient alors concurrence à deux dictionnaires parus peu auparavant, celui de Richelet (1680) et celui de Furetière (1690). En fait, ils ont présenté un exemplaire de leur travail au Roi le jour même où l'éditeur hollandais Leers présentait sa seconde édition du dictionnaire de Furetière.

À la lumière de cette intense activité lexicographique, les Académiciens prenaient de grandes précautions à spécifier le caractère du dictionnaire et les sources de son autorité. Leur travail, écrit par les plus grands auteurs de la nation, voulait représenter la langue française dans son état de plus grande perfection. Le Dictionnaire de l'Académie a ainsi défini le bon usage de la langue française, mais en excluant des domaines spécialisés comme les arts et les sciences:

"C'est dans cet estat [de perfection] où la Langue Françoise se trouve aujourd'huy qu'a esté composé ce Dictionnaire; & pour la representer dans ce mesme estat, l'Académie a jugé qu'elle ne devoit pas y mettre les vieux mots qui sont entierement hors d'usage, ni les termes des Arts & des Sciences qui entrent rarement dans le Discours; Elle s'est retranchée à la Langue commune, telle qu'elle est dans le commerce ordinaire des honnestes gens, & telle que les Orateurs & les Poëtes l'employent; Ce qui comprend tout ce qui peut servir à la Noblesse & à l'Elegance du discours."

En définissant son dictionnaire ainsi, l'Académie s'opposait aux plus importantes tendances de Richelet et de Furetière. Le Dictionnaire de l'Académie était un lexique normatif qui cherchait à légiférer les configurations d'utilisation du langage. La notion de pureté linguistique était l'un de ses principaux guides.

Le fait que ce dictionnaire a été composé par quarante des plus éminents hommes de lettres de France était une garantie majeure de son autorité, mais cela fut aussi un obstacle à son achèvement. Initialement, l'Académie avait confié la tâche au grammairien Vaugelas, mais à la mort de celui-ci le travail n'avait pas dépassé la lettre "C". On a alors décidé que le dictionnaire serait écrit collectivement, bien que ceci eût aussi ses désavantages. La préface fait référence, par exemple, aux interruptions des années de la Fronde quand certains des membres avaient quitté Paris. Ainsi, l'Académie n'a accompli aucun progrès régulier jusqu'en 1651. La composition a continué jusqu'en 1673, et fut suivie d'un long processus de révision:

"[...] On peut dire que c'est seulement depuis l'année 1651 que l'on y a travaillé serieusement. La premiere composition en fust achevée vers le temps de la mort de Monsieur le Chancelier, qui arriva le premier jour de l'année 1673. Ce fut alors que le Roy ayant bien voulu se declarer le Protecteur de l'Académie, & luy donner dans le Louvre l'appartement où elle tient ses assemblées, elle se vit élever au comble du bonheur dont elle jouït presentement. Elle a depuis travaillé regulierement trois fois la semaine deux heures par chaque seance, & elle ne s'est occupée à autre chose qu'à revoir ce qui avoit esté fait. Ce second travail n'a pas moins cousté de temps à l'Académie que le premier, & cela ne se peut pas faire autrement, à cause de la maniere de travailler des Compagnies en general & de l'Académie en particulier, où tous ceux qui la composent disent successivement leur avis sur chaque mot & ou la diversité des opinions apporte necessairement de grands retardemens."

Les éditions suivantes sont apparues à peu près tous les vingt ans. Voyez aussi la présentation de la 5ème édition, laquelle surmonta le désarroi des années de la Révolution, et la présentation de la 6ème édition publiée en 1835.


Organisation de la 1ère édition -- L'ordre des Racines

 

L'une des particularités de la 1ère édition du Dictionnaire de l'Académie est que tous les mots n'apparaissent pas dans l'ordre alphabétique. Dans leur préface, les académiciens expliquent pourquoi ils ont choisi de grouper les mots suivant leur racine étymologique:

"Comme la Langue Françoise a des mots Primitifs, & des mots Derivez & Composez, on a jugé qu'il seroit agreable & instructif de disposer le Dictionnaire par Racines, c'est à dire de ranger tous les mots Derivez & Composez aprés les mots Primitifs dont ils descendent [...]. Dans cet arrangement de Mots, on a observé de mettre les Derivez avant les Composez, & de faire imprimer en gros Caracteres les mots Primitifs comme les Chefs de famille de tous ceux qui en dependent, ce qui fait qu'on ne tombe gueres sur un de ces mots Primitifs qu'on ne soit tenté d'en lire toute la suite, parce qu'on voit s'il faut ainsi dire l'Histoire du mot, & qu'on en remarque la Naissance & le Progrez; & c'est ce qui rend cette lecture plus agreable que celle des autres Dictionnaires qui n'ont point suivi l'ordre des Racines."

En effet, en groupant les mots de cette manière, la 1ère édition met en lumière d'intéressantes affiliations entre les mots et révèle de nombreux liens historiques entre mots apparentés, qui seront perdus dans les éditions ultérieures du Dictionnaire de l'Académie. Ainsi, comme les auteurs l'avançaient, le texte est assez agréable à lire.

Mais cette organisation est aussi un peu frustrante, puisque, dans beaucoup de cas, il est difficile de localiser les mots spécifiques. L'édition de 1694 remédiait à ce défaut de deux manières. D'abord, un index à la fin de chaque volume donnait la racine propre à chaque mot, et ensuite, dans le texte même, de nombreux renvois orientaient le lecteur vers la rubrique appropriée. La deuxième édition (1718) adopta un plan strictement alphabétique.

Dans la version informatisée de ce dictionnaire, le mécanisme de recherche permet aux utilisateurs de trouver des articles secondaires sans avoir besoin de connaître la racine principale correspondante. Ainsi, l'index et les renvois deviennent inutiles (mais ces derniers apparaissent toujours dans le texte). Cependant, afin de préserver l'idée de l'ordre par racines, le mot qui représente la racine principale est écrit en lettres majuscules après le mot-clé de l'article secondaire. S'il veut voir le groupe entier des mots qui forment les racines, l'utilisateur pourra simplement cliquer sur le mot-cl&eacute. Et quand il recherchera un mot qui est une racine principale, le résultat rapportera le groupe entier de définitions (entrée principale et mots dérivés).

Orthographe

La 1ère édition peut également présenter des problèmes en raison de l'orthographe de l'époque. Notamment, l'accent circonflexe est rarement utilisé, la voyelle étant suivie alors d'un "s" (ex: "pasmer" pour "pâmer"). Et dans beaucoup de cas (quoique pas toujours) où le français moderne écrit "é", la 1ère édition écrit "es" (ex: "répondre" est écrit "respondre", "écrire" devient "escrire"). Une fois encore, en plus de l'évolution des conventions de l'orthographe au cours du temps, les choix des Académiciens sur ce point reflètent leur souci de préserver l'information étymologique dans leur dictionnaire:

"L'Académie s'est attachée à l'ancienne Orthographe receuë parmi tous les gens de lettres, parce qu'elle ayde à faire connoistre l'Origine des mots. C'est pourquoy elle a creu ne devoir pas authoriser le retranchement que des Particuliers, & principalement les Imprimeurs ont fait de quelques lettres, à la place desquelles ils ont introduit certaines figures qu'ils ont inventées, parce que ce retranchement oste tous les vestiges de l'Analogie & des rapports qui sont entre les mots qui viennent du Latin ou de quelque autres Langue. Ainsi elle a écrit les mots Corps, Temps, avec un P, & les mots Teste, Honneste avec une S, pour faire voir qu'ils viennent du Latin Tempus, Corpus, Testa, Honestus."

Sur ce point, les utilisateurs de notre version informatisée devront se débrouiller tout seul. Ainsi, si une recherche pour "chateau" ne donne aucun résultat, essayez "chasteau"; pour "connaitre", essayez "connoistre", etc...

Bibliographie

Charles Beaulieux, Observations sur l'orthographe de la langue françoise de Mézeray, précédées d'une Histoire de la gestation de la première édition du Dictionnaire de l'Académie françoise (1639-1694), (Paris: Champion, 1951).

Nina Catach, "Les dictionnaires de l'Académie française," in CCH Working Papers 4 (1994): 143-56; republié dans CHWP, B.21: http://www.chass.utoronto.ca:8080/epc/chwp/catach_n/

Timothy Murray, "The Académie Française", in A New History of French Literature, ed. Denis Hollier (Cambridge, Mass.: Harvard University Press, 1989), pp. 267-273.

Bernard Quemada et al., Les Préfaces du Dictionnaire de l'Académie française (1694-1992): textes, introductions et notes (Paris: Champion, 1997).

Alain Rey, "Linguistic Absolutism", in A New History of French Literature, ed. Denis Hollier (Cambridge, Mass.: Harvard University Press, 1989), pp. 373-379.

Histoire technique

Notre version informatisée de la première édition a été terminée le 27 mai 1997.

L'index des mots-clés a été révisé le 28 mai 1997 pour satisfaire le maniement particulier des groupements par étymologie. Nous serions heureux de recevoir vos commentaires sur notre traitement de cette particularité du texte.

En février 1998, une remise à jour a été effectuée, en utilisant le texte tel qu'il a étéédité par R. Wooldridge.

Toute la structure du document - mots-clés, mots-clés secondaires, et renvois - a été identifiée de manière automatique à partir des conventions typographiques, et c'est pourquoi nous nous attendons à rencontrer quelques erreurs dans les identifications d'article et à avoir quelques articles manquants. Veuillez signaler les problèmes à artfl@atilf.fr

L'ARTFL Project de l'Université de Chicago  collabore avec le Dictionnaire de l'Académie Française Database Project, dirigé par R. Wooldridge et I. Leroy-Turcan, afin d'effectuer la saisie de données, la nécessaire mise au point, et le développement d'un logiciel de recherche pour la première édition du Dictionnaire de l'Académie française, éditée en 1694.

Des versions informatisées de plusieurs éditions du dictionnaire de l'Académie sont prévues - voyez aussi notre version de la 4ème édition (1762), 5ème édition (1798) de la 6ème édition (1835). Par la suite, elles formeront une base de données commune qui permettra aux utilisateurs de consulter chaque édition séparément ou, afin d'observer l'évolution du dictionnaire dans le temps, de faire des recherches dans toutes les éditions en même temps.

La présente version de la première édition représente une mise à l'épreuve d'un modèle opérationnel. Nous encourageons toute personne intéressée à l'utiliser. Veuillez reporter tous les problèmes et toutes les anomalies opérationnelles que vous pourriez trouver.

 

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